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Cépages patrimoniaux

Salagnin

Bien qu'oenologue de formation je me suis reconverti à l'ampélographie en 2009. Je suis capable de reconnaitre visuellement une centaine de cépages… J'ai travaillé pendant quatre ans pour atteindre ce niveau. Je me suis spécialisé dans l'ampélographie locale de l'Isère et j'ai eu la chance d'apprendre avec les meilleurs ampélographes du monde, Jean-Michel Boursiquot et Thierry Lacombe.

Mon travail a commencé au début des années 2000 par une recherche historique et bibliographique sur l'encépagement local d'autrefois. J'ai lu avec une très grande attention "Le Vignoble" de A.Mas et V.Pulliat ainsi que "Le Traité général de Viticulture" de P.Viala et V.Vermorel qui sont des ouvrages de la fin de XIXème siècle.

J'ai, par la suite, eu accès au "Référencement de 1958" fait à cette époque par l'ancêtre administratif de France AgriMer qui détaillait l'éncépagement de la commune de Saint-Chef et les surprises fûrent très nombreuses…

C'est plus d'une quinzaine de cépages qui étaient cultivés autrefois en Nord-Isère, dans le secteur des Balmes Dauphinoises: Altesse, Verdesse, Viognier, Jacquère, Bia, Plant Guillet (Romorantin) pour les blancs et Mondeuse, Persan, Mècle, Salagnin (Robin noir), Servanin, Corbeau, Durif, Joubertin, Peloursin, Chatus, Syrah… Pour les rouges.

Les témoignages des anciens vignerons ainsi que les prospections des vieilles vignes en local ont permis d'allonger encore cette liste pléthorique de cépages.

J'ai visité une centaine de vignes de consommation familiale dans ma région depuis 2009, en inspectant méthodiquement toutes les souches une par une… J'ai fini par retrouver 150 souches de Mècle ainsi que de nombreux pieds de Servanin, deux cépages qui étaient alors considérés comme perdus, à l'exception de leur présence dans la collection ampélographique du domaine de Vassal, à Marseillan-Plage.

En 2010, je suis devenu vice-président du Centre d'Ampélographie Alpine Pierre Galet et je suis allé prêter main forte à mes confrères du sud de l'Isère, en retrouvant de nouveau sur le terrain, trois autres cépages considérés comme perdus: l'Onchette, la Sérénèze et le Plant d'Apremont Motz.

Jean-Michel Boursiquot a expertisé les seules souches de Bia retrouvées, à ce jour, sur le terrain en 2010. Il a aussi identifié plusieurs pieds de Salagnin.

Je me suis aussi occupé de la réinscription au catalogue national de plusieurs cépages tel que le Mècle, le Robin noir et le Bia, pour avoir le droit de les cultiver (au moins) en Vin de france. J'ai aussi apporté ma touche personnelle à l'élaboration de la liste de cépages du cahier des charges de l'IGP Isère, en intégrant autant de cépages locaux que possible.

Je suis, actuellement, le seul producteur de Mècle et la première récolte arrivera en 2017.

J'ai pour projet de replanter du bia, du Salagnin (Robin noir) et du Servanin aussi rapidement que possible, mais il faudra plusieurs années avant d'atteindre cet obectif. La création de sélections bois de ces cépages est en cours.

J'ai arraché mes dernières parcelles de cépages non locaux en décembre 2015 et aujourd'hui, mon domaine n'est constitué que de variétés cultivées dans la région depuis plusieurs siècles… J'ai toutes les preuves historiques!

Les prospections continuent et nous avons retrouvé en 2014 et 2015 plusieurs plants de Salagnin indemnes de viroses ainsi qu'un cépage rouge encore inconnu pour l'instant. La détermination de cette variété se fera en 2016. A suivre…

Vous trouverez dans les "sites favoris", de nombreux liens dédiés à l'ampélographie.





Reportage d'octobre 2011 "Vins et cépages oubliés des Balmes Dauphinoises"

"Bien que peu connu pour sa viticulture, le Dauphiné est un réservoir très important de vieux cépages."